La Chevalerie

Considérons l’action chevaleresque proprement dite, son ministère :

La Chevalerie, en son principe, est l’exercice éminent et parfait de ce que le Moyen Âge a désigné sous le nom de service noble :

Service, d’abord, car la présence de la Chevalerie dans le monde répond à un appel du Seigneur et à une nécessité sociale, celle de concourir à maintenir la Paix et la Justice, ce qui signifie, en tout premier lieu, une pacification et une justification (une descente des grâces divines) dans le coeur du chevalier lui-même.

Alors (du moins virtuellement) restitué en sa dignité première, en sa royauté intérieure, celui-ci peut concrètement coopérer, tant sur le plan spirituel que « politique » (au sens étymologique : la vie et le gouvernement de la Cité) à l’orientation, à la réalisation et à la pérennité de cette Paix et de cette Justice, lesquelles, en leur essence, ne sont autres que des reflets – et des effets – de la divine Providence.

Noble, ensuite, car le sens aristocratique du devoir d’état (état de l’être dont doit, traditionnellement découler l’état social, puisque ce dernier présuppose et nécessite les vertus spirituelles et morales qui en fondent la légitimité et en assument la rectitude) presse et assume jusqu’au sacrifice suprême les obligations de ce service, les conséquences de ce réel ministère.

Noble, en effet, car l’acceptation, humble de coeur mais fervente et décidée, de ce service dans toute sa radicale exigence, traduit l’élévation de l’âme qui s’y donne et lui restitue, en quelque manière, selon le principe du centuple évangélique, la dignité, donc la noblesse des origines (ontologiques).

Ce qu’incarne ainsi, en primat, la Chevalerie donne le ton de ce que doit être, par définition, tout le Second Ordre : la noblesse, au sens juridique et social du terme.

Le déplacement de soi – l’oubli ou le renoncement de soi, en mode théologique – se révèle comme un éveil à, une réalisation de cet au-delà de soi-même qui, au vrai, est un en-dedans de soi : la racine de l’être, sa nature spirituelle fondant sa « juste place ».

Un authentique Chevalier sait, ainsi que l’enseigne Saint-Grégoire de Nysse, qu’en vérité :

« l’humilité est descente vers le haut, l’orgueil est montée vers le bas. »

Par PGA

Extrait de : Le Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm – Du fantasme à la réalité
Michel Gaudart de Soulages, Versailles, Editions Agastya, 2010, p. 117-122.