Préface Jean-Pierre Giudicelli de Cressac Bachelerie

Michel Gaudart de Soulages, éternel questeur et infatigable militant de l’hermétisme et des Ordres qui tentent de le vulga- riser, nous livre une série de textes, pour certains particulière- ment courageux à notre époque, de « valeurs inversées » selon Nietzsche.

Le daïmonion, cet esprit conducteur, ou voix intérieure que Socrate prétendait avoir en lui, lui conseillait d’être très méfiant quant aux engagements politiques. Mais il ne l’écouta pas et continua à animer les ligues aristocratiques, d’où son procès : Les trois accusateurs de Socrate, Meletos, Lycon et un démocrate fanatique, Anytos, enfin xénophon, sont très clairs.

Le courant aristocratique était intrinsèque à l’Hermétisme. La République de Platon développe la notion des philosophes rois débarrassés des contingences matérielles, qui gouverneraient dans la Sagesse. Antisthène, le plus vieux disciple de Socrate, considé- rait la monarchie comme la forme de gouvernement parfaite. Ainsi Michel Gaudart de Soulages s’inscrit-il dans cette vieille tradition qui se méfie de ce que sous-tend la démocratie, rejoi- gnant en cela Flaubert : « Je vous remercie de vous être élevé contre l’égalité démocratique qui me paraît être un élément de mort dans le monde » (Lettre à Ernest Renan).

Le caractère entropique de la démocratie est de plus en plus évident : la passion et l’émotion règnent dans un monde en proie à toutes les manipulations les plus grossières. Et je n’aborderai pas le problème des libertés foulées aux pieds par la tyrannie de certains juges politiques, des médias et des réseaux sociaux.

Michel Gaudart de Soulages aborde aussi entre autres thèmes, la notion de Roi du Monde, qui sous-entend un monde souter- rain évoqué par toutes les traditions sumériennes, égyptiennes et indiennes. Ces dernières précisent qu’il existe sept régions souter- raines, royaumes des êtres serpents divins, les Nagas et autres êtres spirituels, Daityas, Daronas, Yuksas. Les Nagas sont représentés sous une forme mi-humaine mi-serpent et vivraient dans un monde souterrain resplendissant; ils protègent les humains justes.

Osiris et isis dans les statues romaines étaient aussi représen- tés comme des serpents, partiellement ou entièrement. La rela- tion avec Ea Enki, Osiris, Serapis est évidente. Le Roi du monde ou Chakravartin a inspiré beaucoup de chercheurs. Chacun con- naît l’épopée extraordinaire du baron von Ungern Sternberg, Lieutenant-général de l’Armée impériale russe et dernier Khan de Mongolie, mais peu savent que cet idéaliste écrivait : « Je suis convaincu que la Lumière vient de l’Orient, là où les peuples n’ont pas encore été pollués par l’Occident et où, grâce à Dieu, les bases de la bonté et de l’honneur qui nous ont été données par le ciel sont encore préservées. »

Parallèlement, une section spéciale de la Guépéou, influencée par Alexandre Bartchenko, et dirigée par Gleb Boki se mit sur la piste de Shambhala. Boki était persuadé que certains mystiques du Tibet ou du soufisme possédaient des pouvoirs et des tech- niques supérieures qui pouvaient intéresser le projet communiste. Plus tard, quand il fut arrêté à son tour, il révéla qu’il était sur la piste d’une ancienne Société qui subsisterait dans les mon- tagnes perdues à l’intersection de l’inde, du Thibet, du Kashgar et de l’Afghanistan. Preuve que le mythe du monde souterrain restait très puissant et avait aussi intéressé certains bolcheviques.

Tous ces thèmes évoqués par Michel Gaudart de Soulages se réfèrent à l’Axe, à la Tradition Primordiale, représentés par la verticale inexprimable, car elle est en tout et pénètre tout sans être saisissable par les horizontalités. verticale qui nous rappelle l’Âge d’or à propos duquel émil Cioran écrit : « Les humains vivaient alors comme des Dieux, monde statique où règne l’éternel présent. Le passage à l’âge d’argent, puis à celui d’airain et de fer (situation actuelle), marque la progression de notre déchéance, de notre éloignement de cet éternel présent dont nous ne concevons plus que le simulacre. »

Mais l’ésotérique reste fermé aux êtres ordinaires, selon le Dalaï-Lama : « Les êtres ordinaires sont pareils à des enfants, à des insensés, leurs passions, leurs désirs, et leur haine sont extrêmes. Si on les imite, on n’atteint aucun but louable, on ne peut les aider. Si on se distingue d’eux, ils ne le tolèrent pas «Comme un éclair déchire la nuit». Il poursuit : « Ainsi faut-il adopter la voie du guer- rier : La meilleure protection contre les émotions est une vigilance constante. Celui qui la possède peut les contrecarrer sur le champ et les anéantir… Froid, chaud, pluie, vent, fatigue, prison, coups, s’en inquiéter c’est souffrir davantage. »

Julius Caesare Evola écrit dans Chevaucher le tigre : « Le “sou- venir de soi” ou “a présence à soi-même” a constitué une des disci- plines essentielles des doctrines “internes” de la Tradition », dont les valeurs verticales sont opposées au monde moderne où il n’y a plus que des caprices et des droits et non des devoirs et où la passion et la haine, écumes terminales de la démocratie, sub- mergent la Nation gouvernée par les fausses élites entre les mains des puissances financières transnationales.

Seule une race de chevaliers éloignés de valeurs mercantiles peut comprendre que nous allons vers la déroute à cause des idéologies mortifères. ils peuvent donner des orientations quali- tatives et inciter au dépassement de soi, toujours et encore par delà les vicissitudes. Cette nouvelle aristocratie doit venir de la base, du peuple, véritable méritocratie, que le brahman peut ins- pirer quand on sait se rapprocher de lui.

Ainsi, Michel Gaudart de Soulages, s’inscrit-il dans la voie de la Tradition polymorphe, mais UNE, il agit comme réaction- naire.

Dans Le Réactionnaire authentique, Nicolas Gomez Davila écrit : « Le réactionnaire échappe à l’esclavage de l’Histoire, parce qu’il poursuit dans la jungle humaine des traces de pas divins. »

Auparavant, il précise : « Si le progressiste se tourne vers l’ave- nir, et le conservateur vers le passé, le réactionnaire ne cherche ni dans l’Histoire d’hier, ni dans l’Histoire de demain le paradigme de ses aspirations car sa demeure s’élève dans cet espace lumineux où les essences l’interpellent par leur présence immortelle. »

Descendant par sa famille paternelle de la Maison chevale- resque de Wimpffen, Michel Gaudart de Soulages, cousin du Baron von Ungern Sternberg par la mère de celui-ci, née Caro- line Sophia von Wimpffen, ne pouvait que continuer le Combat « debout au milieu des ruines », comme l’écrivait le Baron Julius Caesare Evola.

il fait partie de ceux qui assument, entre autres à travers la Grande Hiérophanie Mondiale, la permanence de la Tradition primordiale.